Au Sénégal, comme dans de nombreux pays, la réinsertion sociale des anciens détenus est une problématique complexe et souvent mal comprise. Après avoir purgé leur peine, ces individus se retrouvent souvent confrontés à un véritable mur d’incompréhension et de préjugés qui rendent leur réintégration dans la société d’autant plus difficile. La question est pourtant cruciale : comment permettre à ces citoyens de retrouver une place légitime au sein de la société, si ce dernier leur ferme les portes dès qu’ils en sortent ?
Il est évident qu’après une incarcération, une personne a besoin d’un accompagnement social et psychologique pour se reconstruire. Or, en réalité, une fois sortis de prison, ces anciens détenus se retrouvent dans une société qui les stigmatisent, les étiquetant comme « criminels » ou « indignes de confiance ». Cette stigmatisation sociale prend racine dans des préjugés profondément ancrés dans l’imaginaire collectif. L’opinion publique a tendance à juger plus sévèrement ces individus, oubliant souvent que la réhabilitation fait partie intégrante du système judiciaire et que l’objectif principal devrait être la réinsertion, et non la marginalisation.
Les anciennes personnes incarcérées sont vues à travers le prisme de leurs actes passés, sans qu’une véritable analyse ne soit faite de leur volonté de changement. Les préjugés envers eux sont multiples : « un criminel ne peut jamais changer », « il est dangereux de les laisser réintégrer la société », ou encore « ils n’ont pas leur place parmi nous ». Cette vision réductrice crée un sentiment d’injustice, car elle occulte le travail de réadaptation effectué durant la période de détention, et ne tient pas compte des potentialités de réinsertion des individus, ni des efforts qu’ils peuvent fournir une fois libérés.
Un des obstacles majeurs est l’accès à l’emploi. Dans un pays où le chômage est déjà un fléau, l’embauche d’un ancien détenu est souvent perçue comme un risque pour les entreprises. Pourtant, il faut souligner qu’une véritable politique d’insertion professionnelle pourrait non seulement offrir une seconde chance à ces individus, mais aussi réduire les risques de récidive, qui sont souvent exacerbés par le manque de ressources et la pauvreté. Si une personne se sent exclue et inutile, il est plus probable qu’elle replonge dans la criminalité.
L’aspect social est tout aussi crucial. Les anciens détenus se retrouvent fréquemment isolés de leurs proches, souvent rejetés par leur famille ou leurs amis, qui voient en eux un fardeau, voire un danger. Ce rejet social engendre des tensions internes et peut, au contraire, raviver les traumatismes qu’ils ont vécu en prison, augmentant ainsi les risques de rechute.
L’insertion des anciens détenus est également liée à l’accès aux services de santé mentale. En effet, un grand nombre d’entre eux souffrent de troubles psychologiques, souvent exacerbés par les conditions de détention. L’accès à un suivi post-prison est essentiel pour éviter la réitération des actes criminels, et pour permettre à ces personnes de se reconstruire dans un environnement sain et propice à leur épanouissement.
Les autorités sénégalaises ont, à plusieurs reprises, mis en place des programmes d’insertion, mais ces initiatives restent insuffisantes et souvent mal coordonnées. Si des réformes doivent être entreprises, elles doivent porter sur la sensibilisation de la société à la nécessité d’une réinsertion réussie. Il faut également une véritable mobilisation des acteurs sociaux et économiques pour accompagner ces individus, leur offrir des formations, les aider à trouver un logement décent, et leur garantir un environnement de soutien.
Par Diarra Bousso Dia
pas facil du tout mais yalla bakhna