Depuis plusieurs années, le Sénégal s’engage dans une dynamique visant à améliorer l’inclusion des enfants handicapés dans le système scolaire. Une initiative ambitieuse, soutenue par des politiques publiques, des ONG et des acteurs de la société civile, pour garantir l’accès à l’éducation pour tous, sans discrimination. Mais si des progrès notables ont été réalisés, il reste encore des défis importants à relever.

Le gouvernement sénégalais a fait un premier pas décisif avec la mise en place de la stratégie nationale d’éducation inclusive, adoptée en 2016. Cette politique a pour but d’assurer que les enfants en situation de handicap puissent suivre leur scolarité dans un environnement adapté à leurs besoins. Le ministère de l’Éducation nationale, en partenariat avec des organisations internationales et locales, a travaillé sur la mise en place d’infrastructures scolaires accessibles, la formation des enseignants et la sensibilisation des communautés scolaires.

L’un des premiers obstacles rencontrés par les enfants handicapés était, et demeure, l’accessibilité des établissements scolaires. Pour remédier à ce problème, des efforts considérables ont été fournis pour adapter les écoles aux besoins spécifiques de ces enfants. De nombreuses écoles publiques ont été équipées d’infrastructures accessibles, telles que des rampes d’accès pour les enfants en fauteuil roulant, des toilettes adaptées et des espaces de jeu inclusifs. Ces aménagements, bien qu’encore insuffisants dans certaines régions, ont permis à un plus grand nombre d’enfants handicapés de fréquenter l’école.

Dans les zones rurales, cependant, les progrès restent inégaux, et la distance entre les familles et les écoles adaptées demeure un frein majeur à l’inclusion. Des initiatives doivent être prises pour rapprocher les services éducatifs des enfants handicapés, notamment en développant des établissements spécialisés ou des classes d’inclusion dans les écoles existantes.

La formation des enseignants constitue un autre pilier de cette politique d’inclusion. En 2019, le gouvernement sénégalais a lancé des programmes de formation continue pour les enseignants, afin de leur permettre d’acquérir des compétences spécifiques pour accueillir et accompagner les élèves handicapés. Ces formations couvrent des domaines variés, de la gestion de classe à l’adaptation des programmes pédagogiques, en passant par l’apprentissage des gestes et techniques de soutien nécessaires.

Cependant, cette initiative souffre de certains manques. Tous les enseignants n’ont pas accès à cette formation, et certains établissements scolaires peinent encore à intégrer des enseignants spécialisés dans les troubles du comportement ou les handicaps sensoriels. Il est essentiel que l’État mette en place une formation systématique et obligatoire pour tous les enseignants, afin de garantir que chaque enfant handicapé puisse bénéficier d’un accompagnement adéquat.

Un autre facteur clé de succès réside dans la sensibilisation des parents, des élèves et de la communauté scolaire. Des campagnes de sensibilisation ont été lancées pour lutter contre les stéréotypes et les discriminations à l’égard des enfants handicapés, et pour favoriser l’intégration de ces enfants dans les écoles ordinaires. Ces campagnes ont permis un début de changement des mentalités, mais il reste encore un long chemin à parcourir. Les parents d’enfants handicapés, souvent stigmatisés, manquent parfois de soutien pour inscrire leurs enfants à l’école, ou hésitent à les envoyer en raison des préjugés persistants.

Dans les écoles, les enfants handicapés font parfois face à des moqueries ou des comportements d’exclusion de la part de leurs camarades. Il est donc crucial d’instaurer des programmes de sensibilisation dès le plus jeune âge, afin de promouvoir la diversité et le respect des différences. Des initiatives comme des clubs d’inclusion et des activités de sensibilisation dans les écoles devraient être généralisées.

Par Sokhna Awa Diagne