Il est insupportable de constater que, malgré une baisse continue des prix alimentaires mondiaux, des millions de personnes, principalement en Afrique, continuent de souffrir d’une insécurité alimentaire dramatique. Le rapport de la FAO, qui révèle que 45 pays, dont 33 en Afrique, sont dans une situation de détresse alimentaire, met en lumière l’ampleur de l’injustice qui frappe ces populations vulnérables.

L’Afrique, une terre riche de ressources naturelles et humaines, est paradoxalement devenue un terrain d’angoisse alimentaire permanente. Les sécheresses prolongées, exacerbées par le changement climatique et l’instabilité politique, notamment au Soudan, au Mali, au Burkina Faso, et dans d’autres pays comme le Tchad, la Guinée, le Cameroun et le Niger, plongent des millions d’âmes dans une pauvreté sans issue. Cela révèle un échec massif des politiques publiques africaines et une maltraitance systémique de ces pays par le reste du monde, qui se permet de tourner les yeux ailleurs.

Le contraste est saisissant avec les chiffres de la baisse des prix alimentaires à l’échelle mondiale. L’Afrique, non seulement dépendante de l’aide extérieure pour survivre, mais aussi victime de politiques globales défaillantes et de conflits géopolitiques, se trouve dans une position où son avenir semble suspendu à des aides humanitaires.

La situation est particulièrement intolérable lorsque l’on considère que les solutions existent : des investissements dans les infrastructures agricoles, l’éradication de la corruption, et la mise en place de politiques agricoles durables et autochtones pourraient inverser cette tendance. Mais à la place, on préfère sauver les apparences économiques mondiales plutôt que de répondre aux besoins urgents des populations africaines.

Il est grand temps de remettre en question cette vision coloniale qui perdure sous couvert de « solidarité internationale ». L’aide alimentaire ne peut plus être la réponse systématique à des crises qui sont, pour une grande part, évitables. Le véritable changement réside dans l’autonomisation des pays africains, dans la mise en place de politiques internes solides et dans la coopération mondiale réelle, loin des promesses creuses et des faux engagements.

Nous ne devons plus tolérer l’idée que l’Afrique soit une éternelle victime de la malnutrition alors que des solutions concrètes et durables sont à portée de main. Il est impératif de cesser de faire de l’aide alimentaire une béquille pour la gestion des crises et de l’utiliser plutôt comme un levier pour instaurer des changements durables.

Par Momar Fall