Au Sénégal, le plastique est devenu l’un des principaux fléaux environnementaux, avec des conséquences graves pour l’écosystème et la santé publique. Une menace silencieuse mais bien réelle, qui envahit progressivement nos rues, plages, et océans. Le plastique, pratique et omniprésent, n’est plus seulement un produit de consommation, mais une véritable malédiction qui, sans une prise de conscience collective, risque de défigurer notre pays pour les générations à venir.

Les chiffres sont alarmants. Selon diverses études, le Sénégal produit des milliers de tonnes de déchets plastiques chaque année, une grande partie étant mal gérée. Le plastique, non biodégradable, persiste dans l’environnement pendant des siècles. Ces déchets finissent souvent dans les rivières, les canaux ou les mers, mettant en péril la biodiversité, polluant les nappes phréatiques, et affectant la faune marine. Les tortues, dauphins, et poissons confondent ces déchets avec de la nourriture, ce qui entraîne leur mort par ingestion ou étouffement.

Mais au-delà des conséquences environnementales, c’est le manque de civisme qui constitue l’un des principaux obstacles à la gestion de cette crise. De nombreux Sénégalais, bien que conscients de la dangerosité du plastique, continuent de jeter leurs ordures en pleine rue, dans les caniveaux ou directement dans la nature. Ce comportement irresponsable révèle une certaine indifférence envers l’environnement, doublée d’un manque de responsabilité collective.

Il est vrai que des efforts ont été faits, notamment avec la mise en place de lois interdisant certains types de plastiques, mais l’application effective de ces mesures reste un défi. Les autorités peinent à faire respecter les réglementations, et les campagnes de sensibilisation se heurtent souvent à un manque de volonté politique et à une faiblesse des infrastructures de gestion des déchets.

Il est impératif que les Sénégalais prennent conscience de l’ampleur de la situation. Les déchets plastiques ne sont pas un problème lointain : ils sont ici, dans nos villes et nos villages, sur nos plages et dans nos océans. Chaque petit geste compte, que ce soit par le tri des déchets, l’utilisation d’alternatives au plastique, ou simplement par la volonté de ne pas jeter nos ordures n’importe où.

Les autorités, quant à elles, doivent intensifier les efforts pour mettre en place des solutions durables, telles que des programmes de recyclage, des campagnes de nettoyage, mais aussi des politiques publiques plus sévères et des incitations pour ceux qui respectent les bonnes pratiques. Une taxe sur les produits plastiques à usage unique, par exemple, pourrait constituer un levier pour encourager les consommateurs à adopter des comportements plus responsables.

Le Sénégal a toutes les ressources nécessaires pour inverser cette tendance : une population jeune et dynamique, des acteurs associatifs engagés, et un fort potentiel de croissance pour les industries du recyclage et des matériaux alternatifs. Mais il faut avant tout un changement profond de mentalité. Un changement où chaque citoyen se sent responsable de la beauté de son pays et de la préservation de son environnement.

Par Mamadou Ndoye