La conclusion est glaçante, mais elle n’est malheureusement pas surprenante : une personne meurt de faim toutes les 48 secondes en Afrique de l’Est. Cette statistique, tirée de l’étude d’Oxfam et Save The Children, est un cri d’alarme face à l’ampleur de la crise alimentaire qui frappe la Somalie, l’Éthiopie et le Kenya.

La situation a pris une tournure dramatique cette année, avec 23 millions de personnes vivant en « faim extrême », soit plus du double par rapport à l’année précédente. Mais la tragédie ne se limite pas aux chiffres : elle est une démonstration douloureuse de l’échec de la communauté internationale, une politique de déni face à l’injustice humaine.

L’une des causes principales de cette situation est évidente : une sécheresse d’une ampleur inédite en 40 ans, exacerbée par les effets du dérèglement climatique. Cette catastrophe a dévasté les moyens de subsistance de millions de personnes, ruiné des vies et déstabilisé des régions entières. Des témoignages poignants, comme celui de ce pasteur kenyan qui rapporte la mort de toutes ses vaches, illustrent l’ampleur de la souffrance vécue sur le terrain. Il ne reste plus que quelques chameaux et chèvres pour survivre. Si cette situation désastreuse ne suffit pas à secouer les consciences, il est difficile d’imaginer ce qui le fera.

Pourtant, cette situation aurait dû être évitée. Les pays riches, malgré leurs promesses d’aide, continuent de se concentrer sur leurs propres intérêts et de négliger l’urgence humanitaire en Afrique de l’Est. Après la grande famine de 2011, qui a coûté la vie à plus de 200 000 personnes en Somalie, la communauté internationale n’a pas réagi à la hauteur de la gravité de la situation. Les engagements ont été faits, mais les actions ont été insuffisantes, tardives, voire inexistantes. À l’heure où l’Afrique de l’Est croupit dans une faim extrême, les promesses d’aide de 4,4 milliards de dollars sont restées lettre morte, et les pays d’Afrique de l’Est, pris dans un cercle vicieux de dettes et de bureaucratie, peinent à apporter une réponse adéquate.

Il est difficile d’accepter ce constat : la famine, dans ce contexte, n’est pas seulement une tragédie naturelle, elle est un échec politique majeur. L’appel lancé par Oxfam et Save The Children est limpide : les pays riches doivent tenir leur promesse et annuler les dettes des pays concernés. La prévention des famines coûtera toujours moins cher que de devoir traiter les conséquences dévastatrices d’une telle crise. Mais la véritable question reste : pourquoi attendre qu’une catastrophe frappe avant de réagir ? Pourquoi ne pas investir dans la résilience et la prévention, plutôt que de se précipiter à la dernière minute, une fois que la situation est devenue incontrôlable ?

Par Emmanuel Gomes