La capitale sénégalaise, jadis perle de l’Atlantique, se noie aujourd’hui sous le poids d’une croissance démographique anarchique, conséquence directe d’une urbanisation mal maîtrisée et d’un déséquilibre criant entre les régions.

Cette explosion démographique, loin d’être un signe de prospérité, est le reflet d’un développement inégal et d’un abandon progressif des zones rurales par les pouvoirs publics.

Depuis des décennies, la capitale voit affluer des milliers de personnes chaque année, chassées de leurs terres par le manque cruel d’infrastructures et d’opportunités économiques. Dakar est devenue le dernier espoir d’une jeunesse désillusionnée, piégée entre le chômage rural et les illusions d’une vie meilleure en ville. Mais cette migration massive n’a pas été anticipée, et aujourd’hui, la capitale est à bout de souffle.

Le chaos urbain s’impose à tous : loyers exorbitants, bidonvilles insalubres, embouteillages monstres et services publics en déliquescence. Loin des discours optimistes sur la croissance économique, la réalité est implacable : Dakar ne suit plus le rythme. Les investissements se concentrent sur des projets tape-à-l’œil, déconnectés des véritables urgences sociales. Pendant ce temps, les Dakarois s’entassent dans des quartiers surpeuplés, luttant au quotidien pour l’eau, l’électricité et le transport.

Face à ce constat, il est impératif de repenser l’aménagement du territoire en offrant aux zones rurales des alternatives viables. La solution ne réside pas uniquement dans la déconcentration administrative, mais dans un véritable rééquilibrage économique à l’échelle nationale. Dakar n’a pas vocation à être le seul moteur du Sénégal. Il est temps d’agir avant que la capitale ne s’effondre sous le poids de ses contradictions.

Par Germain Coly