Dans la nuit de jeudi à vendredi, la gendarmerie de Joal a mené une nouvelle opération contre l’émigration clandestine, interpellant 62 candidats au départ pour un grand voyage en pirogue, dont un bébé.
Cette saisie d’une pirogue en partance pour l’inconnu est présentée comme un succès par les autorités, mais en réalité, elle illustre un échec cuisant des politiques publiques face à une jeunesse qui n’aspire qu’à un avenir meilleur, non pas par avion ou par bateau de croisière mais plutôt avec une simple pirogue.
Encore une fois, on prétend combattre la migration irrégulière en multipliant les arrestations, sans jamais interroger les raisons profondes qui poussent des hommes, des femmes et des enfants à risquer leur vie en haute mer.
Parmi les interpellés en pirogue, on compte 24 Sénégalais, 24 Guinéens, 5 Maliens, 2 Libériens et un Gambien. Tous issus d’une Afrique de l’Ouest où la crise économique et l’instabilité politique ne laissent guère d’espoir à une population abandonnée par ses dirigeants.
Au lieu de traquer les candidats au départ en pirogue, l’État doit examiner ses politiques d’emploi. L’accès restreint à l’éducation et le manque de perspectives pour les jeunes sont cruciaux. Confisquer une pirogue ne résoudra pas l’exode massif. Les jeunes cherchent un avenir meilleur, souvent loin de chez eux. Il est impératif de créer des opportunités locales pour les retenir. Une pirogue confisquée ne change pas les aspirations des jeunes. Seules des réformes profondes peuvent inverser cette tendance.
L’histoire démontre que la répression est inefficace. Seules des opportunités concrètes locales permettront de rompre le cycle infernal de l’émigration clandestine en pirogue. Il est vital d’offrir des perspectives tangibles pour dissuader les départs risqués. Investir dans l’éducation et l’emploi local peut transformer l’avenir des jeunes. C’est par ces actions que l’on pourra véritablement lutter contre ce fléau.
Par Fallou Sène
pourquoi mettre sa vie en danger